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Le mur du fond du jardin

Les briques de la Vache Noire sont poussière. Ici, à Antoine Marin, un mur de briques rouges court tout au long du jardin qui n’est pas très profond. Mais pour moi c’est le mur du fond du jardin comme celui de l’enfance, comme celui des vacances. Il servait c’est certain de séparation entre propriétés et ses briques vieilles parlent d’un temps passé.

Il y a un jardin, vraiment. A peine cent mètres carrés de jachère que se sont appropriés des locataires. A l’automne, des citrouilles faisaient la joie du parterre, il y eut même quelques soupes dans les chaumières. Ce printemps, un jeune pommier est planté. Il offre, tout guilleret, le rose délicat de sa floraison neuve. Aussi des forsythias et des promesses de toutes sortes, on se souvient de la profusion de fleurs à la saison d’été et des tomates devant le balcon du rez-de-chaussée.

Depuis peu on remarque des rosiers – et parlons des rosiers : ce sont ceux du bâtiment B de la Vache noire, ceux qui allaient disparaître avec les travaux… Je m’arrête, je les regarde comme on retrouve des amis qu’on aurait pu oublier dans la tourmente. Je remercie la voisine de les avoir sauvés.

Alors, on s’arrête dans le jardin. On parle semence, temps qu’il fait, plantations, on observe les jeunes pousses, j’interroge les jardiniers. Tout ça à l’ombre joyeuse du cerisier paré pour la saison qui nous fait signe par-delà le vieux mur de briques.

Il fait bon, rue Antoine Marin, dans le jardin dont le mur du fond est construit de briques rouges.

Colette Touillier,
habite à Arcueil depuis 1937